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ernando Carvajal Sanchez, membre du CIM (Collectif Interculturel de Médiation) et chargé de cours à l’Université de Genève. ©Huguette Junod
Hasard du calendrier, une conférence sur la médiation, également organisée par la Mairie de Perly-Certoux, a eu lieu dimanche 7 décembre, deux semaines et demie après la séance d’information sur les violences. C’est dire que la Mairie se préoccupe du bien-être de ses habitants. Entre temps, Céline Amaudruz, présente le 20 novembre, a utilisé ces événements pour interpeller le Conseil fédéral sur les mesures de sécurité à prendre à la frontière, fustigeant, au passage, les accords de Schengen.
« Perceptions culturelles et médiations » par Fernando Carvajal Sanchez, membre du CIM (Collectif Interculturel de Médiation) et chargé de cours à l’Université de Genève. Cette fois, nous ne sommes qu’une quarantaine, dont les représentants officiels et les médiateurs. Dommage que la paix attire moins que la guerre !
Le conférencier oppose compétition et collaboration. Nos sociétés occidentales sont malheureusement fondées sur la compétition, qui exclut celles et ceux qui ne peuvent pas suivre. Alors que d’autres sociétés fonctionnent sur la collaboration. Il nous donne l’exemple d’un exercice proposé à des enfants. On leur soumettait un problème, quand l’enfant l’avait résolu, il devait se retourner. Mais chacun a attendu que tous aient résolu le problème avant de se retourner. Aucun ne voulait exclure les autres.
La justice fonctionne sur un modèle coercitif, elle punit. Tandis que la médiation est réhabilitative, elle cherche à réinsérer, à réapprendre des comportements utiles, à rétablir le lien social, à inclure au lieu d’exclure. Il y a 6900 prisonniers actuellement en Suisse, parmi lesquels seuls 250 sont dangereux. On pourrait donc utiliser la médiation pour les autres. Ce système est plus rapide, beaucoup moins cher (un condamné coûte environ 400 fr. par jour) et plus efficace (nettement moins de récidive). Naturellement, il faut que les deux parties soient d’accord de se rencontrer. La confrontation permet à la victime d’exprimer sa souffrance et au criminel de « voir » l’autre, de l’entendre, de mesurer les conséquences de ses actes et de se responsabiliser. On peut demander à l’auteur du délit de réparer le mal causé. Par exemple, si la victime est tombée lors d’un arrachage de sac et qu’elle a le poignet cassé, le fautif peut s’engager à porter ses courses.
La médiation permet de rétablir la communication et de restaurer la confiance. Les tribunaux de prud’hommes fonctionnent sur ce modèle, ainsi que le tribunal des mineur-e-s de Fribourg, et le système judiciaire de Belgique. Dans les conflits, la médiation permet de trouver une solution dans 70 à 80% des cas. Alors, pourquoi ne l’utilise-t-on pas davantage ? Il faut quatre générations pour changer les mentalités !
Cette conférence est donnée parallèlement à l’exposition extérieure « Les médiateurs se mouillent » (ils sont photographiés dans ou près de l’eau), qui avait été montrée aux Bains des Pâquis. En sortant, je vais regarder les panneaux, qui parlent de confiance, patience, équilibre, accueil, sensibilité, écoute, chaleur humaine…
A voir : le film Je ne te voyais pas, du Suisse François Kohler, sorti le 4 décembre.
Huguette Junod