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Rencontre avec une conductrice de chien de la police

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Carol Jenny, conductrice de chien dans la brigade des chiens policiers, partage sa passion avec ferveur. Interview.Le chien est le meilleur ami de l’homme, c’est du moins ce que dit l’adage, et probablement que les propriétaires de ces compagnons à quatre pattes ne le démentiront pas. Ils nous donnent affection inconditionnelle et fidélité, et nous le leur rendons bien, mais ils peuvent être aussi des alliés de taille dans l’accompagnement de personnes en thérapie, malvoyantes ou handicapées en stimulant leurs propriétaires tout en leur apportant joie et facilitation dans leur vie. Ils peuvent aussi faire partie de la brigade des chiens dans la police. J’ai eu le plaisir de rencontrer Carol Jenny, jeune conductrice de chien dans la brigade des chiens policiers de Genève. Elle nous parle de son métier et de la complicité qu’elle entretient avec son berger allemand du nom de Kaès.

Quel est votre parcours avant de rejoindre la brigade?

J’ai commencé mon parcours professionnel avec un apprentissage d’assistante dentaire. L’obtention du CFC m’a permis de postuler à la police genevoise. J’ai donc effectué mon école de police, qui était encore à Genève, en mars 2012. En mars 2013, j’ai commencé mes stages, qui étaient de trois mois dans différents postes du canton, pendant deux ans. Dès que mes années de service étaient suffisantes pour postuler à la brigade des chiens, je me suis lancée dans le processus de sélection et en même temps effectuais un stage d’une année à la brigade de sécurité publique.

Pourquoi avoir choisi ce secteur en particulier?

J’ai toujours vécu avec des chiens, avec lesquels je pratiquais diverses activités. J’ai également travaillé pour une association qui forme des chiens d’assistance pour personnes handicapées au plan moteur. Lorsque j’ai intégré la police, mon but, mon souhait, était d’allier ma passion pour mon travail de policière et ma passion pour les chiens.

Comment s’est passée votre intégration dans ce service?

Le processus de sélection pour la brigade des chiens commence par une matinée de tests sportifs ainsi que divers entretiens avec notre état-major et des psychologues internes à la police. Par la suite, j’ai effectué un stage de deux semaines durant lequel je patrouillais avec divers conducteurs de chien. Durant deux mois, je me suis rendue aux entraînements, qui étaient planifiés tous les mardis et les jeudis matin. Une fois ces étapes validées, j’ai pu intégrer la brigade en tant que stagiaire. Durant trois mois, j’ai patrouillé avec la quasi-totalité des conducteurs. Afin de valider les connaissances théoriques, j’ai terminé mon cursus par un test écrit. Une fois cette dernière étape confirmée, je me suis lancée dans la recherche de mon futur chiot.

Quelles sont les races de chien qui font partie de la brigade? Privilégiez-vous plutôt les mâles?

Pour le choix du premier chien, la brigade favorise les bergers allemands mâles suite à leurs caractéristiques et leur polyvalence. Pour les collègues qui ont déjà une bonne expérience du chien de travail, ils peuvent également choisir un berger belge, voire une femelle, malgré son caractère plus sensible. Si un conducteur souhaite travailler avec un autre animal que le berger allemand mâle en tant que premier chien, sa demande doit être vivement motivée. Actuellement, nous travaillons avec des bergers allemands, des bergers belges et un rouge de Hanovre, engagé dans le cadre de recherches de personnes disparues. Nous avons quatre femelles au total.

Comment sélectionnez-vous les chiots, à quel âge les adoptez-vous?

Nous sélectionnons un élevage par réputation, par connaissance, et aussi en fonction des géniteurs. Lorsque les chiots naissent, nous faisons une première visite afin de choisir le chien. Le choix est en fonction des besoins spécifiques de la brigade et des critères propres au conducteur. Nous cherchons des chiens vifs, sociaux, curieux, motivés et qui présentent de bonnes prédispositions au niveau du flair ou du mordant. Nous allons chercher le chien lorsqu’il a entre 2 et 3 mois afin qu’il regagne sa nouvelle maison.

Pour quelles fonctions les chiens sont-ils élevés?

Afin de présenter le chien à l’examen opérationnel, après 18 à 24 mois, nous lui apprenons la recherche d’objets, la recherche de personnes sur le terrain ainsi qu’à l’intérieur des bâtiments. Nous lui apprenons également le travail de piste et le travail de mordant, toujours sous le contrôle du conducteur. Pour l’examen, nous avons aussi un module d’obéissance où nous démontrons diverses positions. Environ six mois après l’examen opérationnel vient l’examen de spécialisation. Actuellement, les spécialisations sont soit la recherche de stupéfiants et billets de banque, soit la recherche d’explosifs. Pour le chien de recherche de personnes disparues, l’examen est spécifique à cette spécialisation et ne comporte que du travail de flair.

Et le vôtre? Est-il éduqué pour une fonction précise?

Mon chien a passé son examen opérationnel au début 2020 et son examen en recherche de stupéfiants à la fin de l’année 2020. Il finira sa formation en recherche de billets de banque en janvier 2022.

J’ai compris que chaque chiot vit avec son conducteur dans un environnement familial. Comment l’avez-vous préparé à ses tâches?

Effectivement, chaque chien appartient à son conducteur et vit avec son maître 24 h/24. Lorsque nous adoptons le chiot, nous prenons quelques semaines de vacances pour lui apprendre les règles de respect et de vie en famille avec des petits jeux, et nous lui montrons déjà qu’il peut utiliser son flair pour chercher des croquettes ou des jouets. Nous lui apprenons des ordres basiques. La formation débute dès notre reprise au travail.

Comment «Kaès» fait-il la différence entre le travail et sa vie de chien standard?

Il ne montre pas vraiment de différence, il est de nature très calme même dans son travail. La plupart des chiens ont tendance à être excités au travail mais profitent d’être à la maison pour se reposer et savent être doux, notamment avec les enfants. Les comportements sont vraiment propres à chaque chien et aux activités qu’ils font lors des jours de repos.

En général, à quel âge terminent les fonctions d’un chien policier? Qu’en est-il après? Est-ce qu’ils continuent tranquillement leur vie dans l’environnement familial?

La retraite de nos chiens de service est prévue à l’âge de 9-10 ans, tout dépend de leur état de santé. Lorsqu’ils prennent leur retraite, ils restent effectivement au sein de leur environnement familial.

Jusqu’à présent, quel est le souvenir qui vous revient dans votre activité?

Pour ma part, je me souviens que nous avions été appelés pour un rôdeur dans un jardin. Arrivé sur place, mon chien Kaès a de suite suivi une piste à travers plusieurs jardins avant de traverser un quartier résidentiel. Il s’est ensuite introduit dans le jardin d’une propriété puis dans le sous-sol de la villa et en ouvrant une porte, notre rôdeur se cachait là.

Quels conseils aimeriez-vous donner aux jeunes qui désirent se lancer dans ce métier?

Il faut qu’ils soient dynamiques et en même temps patients et persévérants, ils pourront alors s’engager dans cette belle aventure de passion et d’adrénaline.

 

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Photo du profil de Dominique Wyss
Journaliste, productrice et animatrice d'émissions durant quelques années auprès d'une radio locale genevoise, Dominique est actuellement rédactrice free-lance auprès de divers magasines. Elle a décidé de l'investir également pour Signé Genève.

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