24 mars 2019 Ã 17h
Théâtre Cité-Bleue, Genève
Keren Esther – chant
Gaëlle Poirier – bandonéon
Narciso Saúl – guitare
Un répertoire surprenant, écartelé entre le pourtour méditerranéen et l’Argentine…
à l’image d’un chemin de vie familial.
Les chants judéo-espagnols d’une part, issus d’une péninsule ibérique brillant de sa « conviviença » multiculturelle depuis le Moyen-Âge, chants qui se sont transmis oralement au sein des communautés séfarades durant plus de cinq siècles après le décret de l’Alhambra qui ordonna l’expulsion des juifs d’Espagne en 1492.
D’autre part, le tango, genre musical qui naît des bas-fonds, des ruelles et des ports, témoin de l’incroyable richesse de l’immigration en Argentine, Eldorado pour tant de cabossés d’Europe. Les communautés juives y sont majoritairement ashkénazes, résultat de la fuite des guerres napoléoniennes ou autres pogroms si fréquents dans l’immense Russie tsariste.
Ironie ou évidence, c’est à l’époque de l’expulsion d’Espagne que Christophe Colomb part découvrir le Nouveau-Monde, et c’est alors que l’Espagne entame sa conquête de l’Argentine.
Aujourd’hui encore, l’Espagnol parlé en Espagne ayant subi une évolution plus importante que la langue pratiquée en Argentine, les juifs séfarades qui s’expriment dans leur « castejano » archaïque, s’y sentent comme poissons dans l’eau.
Keren Esther et ses musiciens nous font le bonheur de nous offrir un pont entre ces mondes éloignés.
Après avoir réalisé les albums « A la una yo naci » (Label Vde-Gallo) et « Fuente Nueva » (édité par l’Institut Européen des Musiques Juives), Keren Esther poursuit sa quête identitaire, et se plonge avec délice dans l’univers judéo-espagnol de son enfance. Elle découvre, chemin faisant, la place du Tango dans l’univers familial tangérois. Il n’en fallait pas plus pour attiser encore sa curiosité !
La direction de son troisième album était donnée… mais quels chemins emprunter ?
C’est l’histoire de ce disque « Tango Ladino » qui met à l’honneur ces deux terres d’accueil; le Maroc et l’Argentine. Ce troisième disque tient d’autant plus au cÅ“ur de Keren Esther qu’une partie de sa famille émigra, dans les années 50, du Maroc vers l’Argentine. L’album est aussi l’occasion pour la chanteuse de donner naissance à sa première composition, dont l’arrangement est signé par le guitariste argentin Narciso Saúl à l’instar du reste de l’album. Un véritable travail de création, magnifié par le bandonéon de Gaëlle Poirier.