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Cette beau graff, qui résume si bien l’histoire des immeubles de la rue des Maraîchers, vient de tomber en poussière… Les ouvriers ont mis en place un impressionnant dispositif pour exécuter la démolition des derniers immeubles ouvriers appartenant à l’Hospice général, et pour protéger le voisinage. Nous avons ainsi assisté en direct à cet anéantissement des demeures. Au moment même où la gueule de la pelleteuse avale un appartement, curieusement, je sens le fumet d’une bonne soupe flotter dans l‘air…
1960 (ou même un peu avant, dans les années 50) : dans le grand enthousiasme de l’après-guerre et de la reprise économique, des habitations ouvrières, bon marché, accessibles à tous, ont été construites en quantités, notamment les « cités Familia », à la Servette, au Petit-Saconnex, aux « frontières » de Vernier où j’ai habité, et bien sûr à la Jonction.
2020 : un collectif « Réquisitions solidaires » a tenté de négocier le maintien des immeubles de la Jonction, dans l’espoir d’obtenir tout de même des logements de réserve pour les SDF de Genève. Beaucoup de démarches et une occupation éphémère, « écritures inutiles »…
La rubrique relatant l’actualité de 1879, dans les premiers exemplaires de la Tribune en 1879 parle de « la «percette», terme populaire désignant la frénésie avec laquelle les autorités d’alors ouvraient de nouvelles rues dans d’anciens pâtés de maisons, jugés trop denses pour être salubres, le tout alors que la cité déployait par ailleurs ses nouveaux quartiers au-delà des enceintes,
abattues dès le milieu du XIXe siècle. » (cf article du 8.8.19 de Marc Moulin). Et par hasard, ma lecture de chevet actuelle, « Cette chose étrange en moi » d’Orhan Pamuk, traite de la mélancolie des destructions. Le héros assiste aux transformations ahurissantes de la mégapole Istambul, qui en l’espace d’une vie, passe de 2 à 15 millions d’habitant-e-s, des bidonvilles aux gratte-ciel, et pas toujours au profit des habitants modestes. Et détruisant l’âme de la ville…
