Inauguration du Café Voisins à la rue du même nom

Le 29 mai, c’était la Fête des voisins. On commence à y être habitué : depuis plusieurs années dans différents quartiers de Genève, des regroupements conviviaux de gens se rencontrant normalement dans l’ascenseur ou devant les boîtes aux lettres, s’organisent pour faire connaissance, boire un verre ou parler tranquillement du bon fonctionnement de l’immeuble qu’ils partagent.

Cette année, néanmoins, d’autres Voisins ont fêté l’inauguration d’un nouvel espace de rencontre. A la rue du même nom, entre les rues Leschot et des Sources, le café Voisins pendait sa crémaillère de façon tout aussi festive et joyeuse que les nombreux rassemblements spontanés des rues avoisinantes.

Networking et gastronomie

On entre un peu après 17h00, les visiteurs se font encore timides. Le staff du bar, venu en nombre pour l’occasion, se presse pour régler les derniers détails. Après avoir résolu un problème technique, Guido Bakker s’assied à ma table pour un rapide entretien. En me désignant la pièce attenante, un espace de coworking fonctionnant depuis novembre dernier, il m’explique que le projet du Café Voisins est né d’une rencontre entre Philippe Büschi, l’un des fondateurs de cet espace, et Benjamin Luzuy, animateur de l’émission « Descente en cuisine », gérant d’un restaurant gastronomique à Vésenaz, d’un bar à vin aux Eaux-Vives, et de Street Gourmet – un établissement de restauration rapide avec des produits de qualité.

De leur rencontre est donc née l’idée d’un lieu convivial servant des vins bio, des vins vivants, des cocktails plus recherchés que les grands classiques, tout en s’alimentant de produits locaux et parfois inédits. Un sandwich à la viande de bison de Collex-Bossy est par exemple proposé. En effet, quoi de mieux pour des coworkers indépendants de pouvoir discuter autour d’un bon verre dans un cadre sympathique pour développer leurs projets ?

Un financement original

En plus de cette offre alléchante et inédite, un autre concept intrigue : sur les murs catelés blancs du bar, des plaques de toutes les couleurs annoncent des noms de personnes… Eux, ce sont les « sponsors » de l’établissement, qui font que celui-ci a pu ouvrir ses portes. Des gens comme vous et moi, qui pour la modique somme de 250.-, peuvent bénéficier d’un apéro à vie, c’est-à-dire un verre chaque jour, et ce indéfiniment… Et avec 100.- de plus, même topo, mais avec son nom gravé sur le bar.

« Notre but était à la fois de constituer une clientèle fidèle, commente Guido, mais surtout de rassembler l’argent qui nous a permis l’aménagement du lieu et nous permettra son fonctionnement à long terme. » Mon interlocuteur insiste encore sur le caractère jeune de l’équipe qui s’affaire derrière le bar, pour la plupart d’anciens étudiants de l’Ecole Hôtelière de Lausanne qui se sont lancés en ouvrant leur propre structure. « La philosophie est claire, poursuit-il, on encourage les produits locaux, un rapport de confiance avec nos fournisseurs, qu’on devrait plutôt appeler nos partenaires. On privilégie vraiment la qualité à la quantité. »

Présentation des lieux

Quelques pas plus loin, je rencontre Michaela Büschi, qui s’occupe du côté coworking et qui me fait visiter les lieux. Dans une vaste pièce, quatre ou cinq grandes tables de bois, surmontées d’un toit en grillage blanc sur lesquelles pendent des plantes vertes, recueillent chacune une dizaine de chaises dans un véritable open-space. En cas de besoin, une salle de conférence et deux cabines téléphoniques donnent un peu plus d’intimité aux travailleurs.

Cet espace, ouvert à tous, permet une aide administrative ainsi qu’une place de travail à des indépendants qui n’auraient pas de bureaux à eux. Selon qu’on soit « Voisin » ou pas, on paie entre 5.- ou 7.- de l’heure. Depuis novembre dernier, déjà une cinquantaine de personnes ont été enregistrées. L’espace est ouvert 24h/24, 7j/7, l’accès étant permis par un badge. Pour les nouveaux arrivés néanmoins, une permanence est assurée en journée, pour l’accueil, mais également pour faire le lien entre les usagers qui proposent souvent des services complémentaires les uns aux autres.

Coworking à l’accent local

Au-dessus ou presque de la porte d’entrée, un épais panneau de bois rappelle les sponsors qui ont soutenu la démarche. Des cases sont encore vides, car « certains vont encore se rajouter », explique Michaela. Elle tient à citer YKRA, architecte qui a imaginé la configuration des lieux, pratique, flexible, avec notamment des structures de tables à roulettes qui peuvent être facilement déplacées pour accueillir un événement par exemple. « On a beaucoup échangé avec lui, afin de créer une atmosphère qui nous plaise et nous corresponde vraiment. »

Très pris par l’ouverture du café ces derniers temps, les événements ont été mis en stand-by, mais ce n’est que pour mieux recommencer à la rentrée de septembre. Des ateliers, conférences, ouverts aux membres et au public, comme par exemple au sujet de l’impression 3D il y a quelques semaines. « Nous avons tous un boulot à côté, commente Michaela. Ce n’est pas toujours évident de dégager suffisamment de temps pour faire avancer ce projet, mais nous voulions vraiment créer une structure que nous recherchions et qui n’existait pas encore. » C’est maintenant chose faite ! L’envie est là également de créer des synergies ou de monter des projets avec d’autres commerçants du quartier, pour, tout comme du côté café, privilégier l’aspect local.

En tous les cas, d’un côté comme de l’autre de la mince cloison qui sépare les deux entités, une même et belle énergie, jeune, dynamique et certainement communicative se dégage ! Les Voisins semblent avoir de beaux jours devant eux !