L’aquarelle est une technique de peinture particulièrement difficile à maîtriser. A Cartigny, Eric Wuarin la rend accessible aux néophytes. Dans son atelier de l’ancienne école, il dévoile à ses élèves les secrets de la peinture à l’eau.
Eric Wuarin est le fils de deux paysans de Cartigny qui comptaient parmi leurs amis le peintre genevois Paul Mathey. « Un jour, se rappelle Eric Wuarin, il m’a vu dessiner une sorte de bande dessinée un peu ridicule à la Tarzan ». Le maître s’en prend alors au père du garçon. « Comment peux-tu laisser ton fils peindre des idioties pareilles ? » s’insurge-t-il. Paul Mathey invite alors le jeune Eric à utiliser son atelier pendant ses fréquents déplacements afin qu’il recopie ses tableaux, principalement des natures mortes. « J’avais 8-10 ans et à son retour, il se défoulait sur moi en critiquant mon travail, se remémore Eric Wuarin, cette expérience a changé ma façon de voir la peinture. »
Une technique aux possibilités multiples
Plus tard, Eric Wuarin rentre aux Beaux-Arts où il étudie les techniques classiques de peinture : l’huile, la gouache et l’acrylique, mais seule l’aquarelle lui permet de trouver sa propre « patte ». « J’aurais pu signer mes toiles à l’huile du nom de Jean Roll, mon professeur, tant elles le singeaient. », se souvient Eric Wuarin. Il se spécialise alors en décoration scénique, un métier où l’aquarelle est énormément utilisée. « Pour les décors, on peint d’immenses toiles posées à même le sol. L’aquarelle permet d’avoir peu de matériel sur soi et d’esquisser rapidement un détail qu’on retravaille plus tard à l’atelier » explique le peintre. Mais cette technique est très ardue : en plus des règles classiques telle que la composition des toiles, l’aquarelle exige de maîtriser l’humidité du papier, la transparence des couleurs et de réserver des zones de papier vierge pour exprimer le blanc. En contrepartie, elle offre toute une palette de techniques. On peut par exemple lui superposer du pastel, de l’acrylique ou du verre et même figurer l’écume ou la brume grâce à du sel.
Décors et motifs
Aujourd’hui encore, Eric Wuarin reste influencé par son expérience de décorateur scénique. « J’avais l’habitude des formats gigantesques et j’en ai gardé l’envie, confie-t-il, même si personne ne va m’acheter quelque chose d’aussi grand, j’aime me promener dans mes tableaux comme dans un décor. » Ainsi, ses sujets de prédilection sont des paysages, des constructions, rarement des portraits. L’aquarelliste trouve l’inspiration en se promenant. Lors de ces « parties de chasse aux motifs » il est frappé par un élément du paysage, un éclairage ou une atmosphère. Il réalise alors une esquisse et photographie le lieu afin de fixer une lumière ou une ambiance particulière. Ce n’est que de retour à l’atelier qu’il commencera véritablement à peindre. « Avec l’aquarelle il faut parfois se focaliser sur un détail, explique Eric Wuarin. On peut faire plusieurs tableaux d’une seule photographie. »
Un savoir à partager
Depuis plus de 18 ans, Eric Wuarin donne des cours à des gens de tous âges et dans une atmosphère détendue avec des voyages au Lubéron ou en Toscane pour trouver l’inspiration, des repas canadiens et des apéritifs. Transmettre son expérience à sa quarantaine d’élèves est pour Eric Wuarin une évidence. « Je ne comprends pas les peintres qui refusent de partager leurs techniques, s’exclame-t-il, c’est une attitude très égoïste. » Le peintre a même écrit un livre, Pourquoi l’aquarelle ? qui explique les différentes techniques d’aquarelle, compare les papiers utilisés,… Eric Wuarin a pour projet de produire un second ouvrage, une sorte de « pense-bête » didactique avec des conseils pratiques. L’idée lui est venue après avoir découvert dans le grenier de la ferme familiale un dossier datant de 1898 et décrivant ces mêmes techniques. En attendant de feuilleter ce futur livre, il est possible d’admirer le travail d’Eric Wuarin à l’Espace Gallay de Cartigny, du 8 au 24 avril pour une exposition dans cette toute nouvelle galerie.
Informations : www.ericwuarin.com
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