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Les Failles à Perly-Certoux

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© Huguette Junod

Perly-Certoux est l’une des trois dernières communes du canton de Genève, avec Cartigny et Plan-les-Ouates, à perpétuer la tradition des Failles. Dites aussi Alouilles ou Brandons en Suisse romande, les Failles sont célébrées le premier dimanche du Carême. Elles relèvent d’un rite paysan de type païen, lié à Imbolc, une fête religieuse celtique de purification. La tradition veut qu’on brûle des perches enrobées de paille, de sarments et de roseaux, à l’apparition de la première étoile.

Commémorées dans toutes les communes genevoises, ainsi qu’en Savoie, les Failles ont connu une interruption pendant la première guerre mondiale. A Perly-Certoux, on allumait les brandons dans les champs, en face de la chapelle. La commune a « perdu » les Failles dans les années 50. Joseph Deschenaux, instituteur et maître principal de l’école, les a ressuscitées dans les années 70, pour les élèves de 6e primaire, ceux de 7e et 8e du Cycle étaient également invités. Au bout du chemin des Vignes, qui passe devant le cimetière et croise le chemin des Crottes, à l’orée du bois, on allumait un feu sur lequel on faisait griller des saucisses. A la fin, les enfants sautaient par-dessus les braises. Certains s’étaient procuré des pétards, dans une échoppe près de la douane côté français, parce qu’ils étaient interdits en Suisse. Ils les jetaient dans les tisons, provoquant une série d’explosions qui les ravissaient. Mon fils, au début des années 80, en était revenu extatique !

Joseph Deschenaux prit sa retraite en 2000 et entra dans l’association « Certoux bouge ». Avec un ancien élève devenu membre, ils ont proposé de remettre les Failles à l’honneur, mais cette fois, pour l’ensemble des habitant-e-s, d’abord au Couvert de Certoux, puis à côté de la mairie de Perly. Désormais, on y célèbre les anniversaires à chiffre rond : les 10 ans, les 20 ans, les 30, 40, 50, 60, 70, 80, 90 ans. Il y eut même une centenaire en 2007 : Louise Herger.

Dimanche 10 mars, je me prépare donc à partager ce moment festif. La mise à feu des brandons est annoncée pour 19h15. Mais à cause du temps instable, craignant la pluie, les organisateurs ont mis le feu aux brandons plus tôt. Il ne restait que quelques braises quand je suis arrivée ! Le public refluait déjà en direction de la salle communale, où étaient dressées les tables et les bancs pour les fondues. A l’entrée régnait l’effervescence des préparatifs. Un homme disait à sa voisine qu’il regrettait l’époque où les Failles avaient lieu au Couvert de Certoux. On ne peut décidément jamais contenter tout le monde !

Je n’ai pas vu les embrasements, mais j’ai assisté à la remise des diplômes. Au micro, un homme appelle les personnes qui fêtent leurs 90 ans dans l’année, dont Andrée Chervet, qui fut durant 30 ans la présidente du Chœur du val de l’Aire. Chaque personne reçoit un diplôme et met un chapeau de couleur, que lui offre un enfant. Puis c’est le tour des 80 ans, des 70, des 60, parmi lesquels je reconnais des personnes. On descend dans les dizaines, jusqu’aux 10 ans. Un joli moment qui regroupe les générations. En attendant le repas et l’animation musicale, des enfants traversent la salle en riant et en courant dans tous les sens, tandis que les aîné-e-s discutent autour des tables.

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Huguette Junod s’intéresse très tôt à l’écriture. À douze ans, elle gagne un concours radiophonique pour adultes ; dès l’âge de treize ans, elle publie des contes puis des articles dans différents journaux. Pendant 33 ans, elle est professeure de français à l’école secondaire genevoise, où elle fait connaître la littérature romande. Parallèlement, elle anime des ateliers d’écriture et organise des manifestations culturelles. En 1987, elle fonde les Editions des Sables. Elle a touché à tous les domaines : le journalisme, la chanson, le théâtre, la publicité, la poésie, le récit, la fiction, l’essai, et publié une vingtaine d’ouvrages. Huguette Junod a obtenu le Prix des Écrivains genevois en 1986 pour le récit Ceci n’est pas un livre et en 2008 pour le poème Le Choix de Médée. Depuis janvier 2013, elle écrit chaque semaine une chronique féministe dans « Gauchebdo ».

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