Ethnopoly, une nouvelle façon de tisser des liens dans les quartiers

Dans une société ou l’individualisme s’installe au détriment du partage et de la communauté, le mardi 20 mai, l’école primaire en En-Sauvy et la commune de Lancy tentent l’intégration via un jeu, mais pas n’importe lequel. Il s’agit d’un Monopoly grandeur nature, un jeu qui a occupé tout un quartier le temps d’une journée de partage riche en expériences.

Ethnopoly a été imaginé par l’association Bernoise Katamaran, le principe est simple mais ingénieux: pendant un jour, les enfants d’une classe de septième primaire sont divisés en petits groupes (6 enfants). Et accompagnés par des parents ou des professeurs, ils parcourent le quartier, mais au lieu de visiter la cathédrale de Notre-Dame-Des-Grâces, ils iront visiter madame Grâce qui habite au coin de la rue. « C’est une autre manière de voir le quartier », affirme Yoan 10 ans.

 Le résultat d’un travail en commun

L’activité est le fruit d’une collaboration entre la direction de l’école, l’association de parents d’élèves, les habitants du quartier et la marie de Lancy. Chacun y met du sien, les habitants du quartier se proposent pour laisser entrer les enfants dans leur foyer et organisent des petites animations autour de leur culture, leurs histoires personnelles et leurs origines, mais aussi leur perception de leur (nouvelle) patrie, la Suisse. Les parents et professeurs accompagnent les enfants, et la mairie soutient l’activité économiquement.

C’est où l’Inde? Pourquoi les femmes ont un point rouge dans leur front? Côte d’Ivoire? Équateur? Nombreuses sont les questions posées lors des différentes visites, et immense est le plaisir pris par les hôtes à répondre aux enfants. Lors de ces petites visites, les enfants demandent mais écoutent aussi. « On a l’impression de voyager tout en restant dans notre quartier », ajoute Oriana 11 ans. « Ici les sujets sont abordés de manière ludique, pas de cours d’histoire, religion ou politique, le but est d’éveiller la curiosité chez les enfants tout en les amusant » ajoute maria, hôtesse d’un jour. Dégustation de canne à sucre Equatorienne, chocolat Colombien, et quiz sur le Brésil avec des bonbons en récompense sont au programme.

Une goutte d’eau dans l’océan

La journée s’achève avec un buffet canadien dans l’Aula de l’école, tous les acteurs de l’Ethnopoly sont présents. Parents, professeurs et élèves sont unanimes. « Ce fut une journée enrichissante, ils ont tous appris quelque chose sur l’autre et mine de rien, on se rend compte de l’importance de la compréhension de l’autre dans le but d’améliorer notre quotidien », explique, avec un grand sourire, Paola fière d’avoir été hôtesse d’un jour.

« Il est certain que ce projet n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan, je reste cependant persuadée que le rapport des enfants aux voisins, et vice-versa change après une journée comme celle-là, la preuve irréfutable nous l’avons lorsqu’on voit des enfants saluer dans la rue les adultes qui quelques jours plutôt n’étaient que des inconnus, et ça, c’est un pari gagné », confie Beata Gondenzi organisatrice et parent d’élève. Après cette deuxième Edition plutôt réussie, le rendez vous est déjà fixé pour l’année prochaine avec pourquoi pas quelques surprises et nouveautés au programme.

 Par René Torres Cordoba