On a beaucoup parlé de développer la culture en milieu hospitalier, par l’organisation d’interventions culturelles et artistiques : concerts, théâtre, danse, spectacles, expositions. L’expression culturelle et artistique est ainsi associée au parcours à l’hôpital du malade, et lui apporte répit et évasion durant son traitement. A ce propos, un document officiel publié par les HUG stipulait:
« à l’initiative de la Direction Générale, les arts et la culture font partie intégrante des Hôpitaux universitaires de Genève depuis maintenant plusieurs années: l’intégration des arts visuels et des performances (concerts) dans l’environnement des soins ‘induit des différences dans les résultats cliniques, réduit la quantité des drogues consommées, raccourcit la durée de séjour à l’hôpital’ (…) Plus précisément, les arts visuels réduiraient le niveau de dépression, alors que les concerts diminueraient le taux d’anxiété ».
Pourtant, en juillet dernier, cela n’a pas empêché les mêmes HUG de supprimer l’Atelier d’Animation de Beau-Séjour, qui mettait en valeur nombre d’actions culturelles et artistiques dans son programme d’animations pour les patients hospitalisés… Le directeur général adjoint, François Taillard, justifiait cette décision en disant que l’institution « avait décidé de se passer de ce service annexe, sympathique, mais qu’il fallait faire des choix, que cette structure ne dispensait aucun soin médical à proprement parler »â€¦ (plus de détails dans l’article de la Tribune de Genève du 19 juillet 2014).
Chaque année, au cours du mois d’octobre, l’Atelier d’Animation organisait en effet – outre la sortie « vendanges » dont j’ai déjà parlé dans mon article N°7 – plusieurs activités récréatives pour les patients: un atelier d’expression par la peinture dans une unité de soins, une projection de film sur grand écran, des jeux musicaux avec notre « juke-box » roulant et deux concerts, dont un dans le parc.
En cette période automnale, c’était en effet la dernière fois que nous pouvions proposer de la musique à l’extérieur, car après il ne faisait plus assez chaud pour pouvoir rester dans le jardin. Généralement, nous invitions des sociétés d’accordéonistes, qui mettaient beaucoup d’ambiance sur l’esplanade jouxtant la magnifique fontaine, la « Lune brisée », oeuvre de l’artiste Manuel Torres. A cet endroit, les rayons de soleil se faisaient encore généreux: quelques parasols et l’ombre des pommiers japonais étaient bienvenus. Les bénévoles de l’Atelier nous avaient également aidés à déplacer les meubles de jardin, afin que les patients et leurs visites puissent utiliser les tables et les chaises, consommer boissons et pâtisseries confortablement installés au bord de la pelouse, en se laissant charmer par les mélodies.
Il n’était pas rare que ces mêmes bénévoles emmènent des patients avec leur lit d’hôpital dans cet espace vert, pour qu’ils puissent également profiter du spectacle, tout en s’aérant le corps et l’esprit. Quelques uns d’entre eux n’avaient pas de visites, ils pouvaient ainsi bénéficier de la compagnie attentionnée de nos fidèles volontaires, toujours aux petits soins pour nos pensionnaires. Certains de ces malades alités ne se sentaient pas le courage de remonter dans leurs chambres après le concert: il est vrai que contempler le ciel bleu de dessous leur couette, bercé par le chant des oiseaux et le feuillage orangé des arbres bruissonnants, incitait à la flânerie plutôt que d’être raccompagnés dans les unités de soins…
Sur les images ci-dessous: concert de harpe paraguayenne, atelier peinture, juke-box roulant et le concert de la Société Accordéoniste Mixte « Les Amis ».