Que de chance et de plaisir pour les patients et le personnel hospitalier d’avoir à disposition sous leurs fenêtres un parc agréable, verdoyant et fleuri au fil des saisons, ombragé l’été, avec ses allées de marronniers, dont certains ont plus de deux cents ans. Bien que l’on s’approche davantage des couleurs automnales, cette rubrique rétrospective propose un petit retour en arrière, depuis le début du printemps jusqu’à la fin de l’été.
Les fleurs et les arbres ont toujours fait partie intégrante du domaine de Beau-Séjour et ce depuis la fin du XVIIe siècle. A l’époque certaines plantes étaient très onéreuses et pouvaient même avoir un coût aussi important que la valeur de la maison elle-même ; cultivées bien entendu pour le prestige et l’embellissement des lieux, mais aussi pour leur beauté et leurs senteurs.
Les jardiniers de l’époque travaillaient déjà minutieusement à la création de massifs d’espèces régionales mais aussi de variétés exotiques.
D’après d’anciens plans, nous trouvons vers 1700 un domaine à Beau-Séjour, comprenant notamment un grand jardin architecturé à la française, délimité par des allées, des massifs de fleurs ainsi qu’une première maison de Maître.
Cette grande demeure sera détruite vers 1760 – 1770, les pierres serviront à la reconstruction d’une nouvelle maison, l’actuel Pavillon Louis XVI ou Maison Carrée. Appartenant successivement à M. Louis-Ami Arlaud, miniaturiste renommé, puis à la famille Louis Pictet qui vendra le domaine vers 1830 à M. Jean-François Venel : ce dernier créa un pensionnat pour jeunes gens de « bonne famille », où Napoléon III séjourna, notamment.
La Société du Centre Hydrothérapique de Champel-les-Bains deviendra à son tour propriétaire en 1874 et exploitera les Bains thérapeutiques jusque vers 1930 et 1945 pour son Grand Hôtel. En 1947 l’Hôpital Cantonal Universitaire de Genève acquiert le domaine.
Du temps de l’Atelier d’Animation (l’ancien centre de loisirs pour les patients, qui, je le rappelle, a été supprimé en été 2014) les animateurs avaient réalisé plus de 300 prises de vue des différentes fleurs et arbustes du parc, afin de mettre sur pied une exposition de photos qui a embelli les couloirs et la cafétéria de Beau-Séjour durant plusieurs mois. Une sélection de quelques clichés vous est proposée ci-dessus.
En plus de colorer agréablement les murs de l’établissement, les animateurs voulaient également rendre un hommage à l’équipe des jardiniers des HUG pour leur travail et leur engagement tout au long de l’année. Grâce à eux, leur entretien des promenades et de la pelouse, les usagers ont en effet un plaisir supplémentaire : bénéficier d’un magnifique parc, avec ses essences d’arbres, ses fleurs parfois sauvages qui tapissent le gazon, qui profite aussi aux oiseaux s’activant dans les branchages et les écureuils qui bondissent au détour d’une allée de buissons, en quête de nourriture.
L’Atelier d’Animation qui contribuait donc à agrémenter le quotidien des pensionnaires, participait aussi activement à la décoration florale des alentours du Pavillon Louis XVI : caisses à fleurs sur les rebords de fenêtres, bacs à plantes, plantations de bulbes et autres rhizomes qui fleurissaient au printemps autour de la piste de pétanque. D’ailleurs, plusieurs arbustes ou plantes vivaces avaient été mis en place il y a bien des années, avec l’aide de certains patients lors de leur passage à l’Atelier ; un rosier-tige était le cadeau de remerciement d’une ancienne pensionnaire, plusieurs bulbes de jonquilles et narcisses botaniques qui refleurissaient chaque printemps provenaient de jardins de patients. Ces derniers tenaient absolument à offrir un « petit bout » de leur coin de nature, laisser une trace sympathique en souvenir de leur séjour.
Cet espace de verdure dans le parc de l’hôpital, avec ses couleurs chatoyantes en pleine ville, est un lieu de ressource et d’apaisement bienvenu, tant pour les patients, leurs visites, que pour les employés de Beau-Séjour.
A noter qu’aujourd’hui, alors que l’ancien centre de loisir pour les patients n’existe plus, les abords du Pavillon Louis XVI sont malheureusement un peu moins fleuris…