L’aquarelliste genevois Ellis Zbinden est décédé dans la nuit du lundi 25 février. Réputé pour ses peintures du Léman, il était aussi un grand voyageur.
Rien n’a changé dans l’appartement-atelier d’Ellis Zbinden. Deux ans après y avoir rencontré le peintre à la sortie d’un livre retraçant son périple en vespa entre Genève et Istanbul, le logement renferme toujours autant de souvenirs. Au milieu des casiers couverts d’étiquettes sur lesquelles s’étale l’écriture soignée de l’artiste, son beau-fils évoque pêle-mêle son sens de l’organisation, son talent de conteur, sa générosité et l’immensité de son œuvre.
Une vie vouée à la peinture
Né à Genève en 1921, le petit Ellis commence l’aquarelle à sept ans, après avoir reçu une boîte de peinture de son père, peintre en lettres. Il expose ses œuvres pour la première fois à vingt ans. A cette occasion, un critique d’art le repère. La carrière de l’artiste est lancée. Elle sera couronnée par de nombreuses distinctions. Entre une lettre d’un président de la Confédération ou une missive de Bill Clinton on trouve dans ses archives notamment la Médaille d’Or du Festival International Paris-Osaka de 1983 ainsi que la Médaille d’Or du Salon Léonard de Vinci décernée au peintre en 1986 à Paris pour saluer l’ensemble de son œuvre.
Des clients fidèles
Un talent qui lui a permis de réunir une clientèle fidèle. Jusqu’aux derniers jours de l’artiste, des amateurs d’art venaient à son appartement pour y acheter des toiles. Témoin de cet attachement, la boîte aux lettres de l’aquarelliste déborde de messages de sympathie envers sa famille. Mais que son public se rassure, la famille d’Ellis Zbinden compte léguer ses œuvres à des musées de Berne et Genève. Les toiles seront donc toujours visibles traduisant à travers elles le regard que portait l’artiste sur le monde. Car loin de se limiter aux rives du Léman, l’aquarelliste a parcouru le globe, rapportant de ses voyages de nouvelles œuvres et des objets hétéroclites.
Un talent de conteur
Désormais orpheline, la mâchoire de baleine qui trône dans l’entrée attend d’être confiée à un muséum. Fossiles, coquillages, statuettes africaines… dans l’appartement du peintre, chaque objet évoque une histoire qu’Ellis Zbinden se plaisait à raconter à ses visiteurs. « On voyageait sans bouger, juste en l’écoutant nous parler de ses périples » se souvient sa fille. « Quand on venait lui rendre visite, on ne voulait plus partir bien qu’il faille le laisser se reposer » renchérit le beau-fils du peintre. Des souvenirs que l’homme partageait avec ses hôtes et qui les auront sans doute marqués autant – voire plus – que les subtiles aquarelles de l’artiste.
Nguyen Jade
J’ai vu pratiquement toutes les expositions d’Ellis Zbinden depuis des années. Ses magnifiques aquarelles du Lac Léman me font rêver. Malgré son immense talent, il restait simple, modeste, ne jouait jamais « le grand artiste ». Je me rappelle que lors d’une exposition collective des artistes amateurs dans une commune genevoise. Ellis Zbinden qui avait déjà une grande réputation, acceptait d’exposer avec nous (les petits peintres parfaitement inconnus !). Le beau geste d’Ellis Zbinden a emmené du monde à l’exposiition, c’est un sacré coup de main pour l’exposition.