
C’est l’histoire d’un bâtiment du 19ème siècle perdu au milieu de la campagne anièroise. Entouré de champs à perte de vue, il accueille, depuis une quinzaine d’années environ, un centre de requérants d’asile. L’histoire de cette immense bâtisse est peu connue de la population locale. Pourtant, elle a derrière elle un passé singulier.
Un hôpital pour les indigents
Tout commence en 1873, au décès du duc de Brunschwig. Ce personnage, fantasque et original, lègue sa fortune entière à la ville de Genève. De nombreux bâtiments sont construits grâce à cet argent et notamment, à Anières, un centre d’accueil pour des personnes âgées indigentes. Cet hôpital, ancêtre de l’hospice général, fonctionne jusqu’au début du 20ème siècle, avant de devenir, entre les deux guerres, un centre de formation pour gardes-frontières.
Former des jeunes juifs
A la fin de la seconde guerre mondiale, le bâtiment est racheté par l’ORT (Organisation, Reconstruction, Travail). Cette organisation hébraïque, créée en 1881, à Saint Pétersbourg, a pour objectif de former les jeunes juifs à travers le monde. En 1947, un des leaders de l’ORT, Aaron Syngalowski, décide de créer un institut pour la formation d’enseignants et de cadres et l’installe au centre d’Anières. La shoah a décimé une grande partie de la population juive en Europe et a fait disparaître avec elle des pans entiers de connaissances et de compétences. Aaron Syngalowski veut alors accueillir et former les rescapés et les jeunes générations, pour qu’ils deviennent à leur tour des formateurs dans d’autres centres ORT. Après quelques aménagements, le centre d’Anières accueille, en 1949, sa première volée d’étudiants. 125 jeunes, de 18 à 21 ans, venus du monde entier. « La formation dure deux ans. Elle inclut des cours théoriques et pratiques dans quatre disciplines : la mécanique, l’électricité, la serrurerie et l’ébénisterie », précise Jacques Levy, ancien étudiant du centre, et rédacteur de l’article : « Une brève histoire de l’institut Central ORT d’Anières ». Cet enseignement perdure jusqu’en 1957, date à laquelle il est remplacé par des cours préparatoires pour l’admission d’étudiants juifs à l’école des Arts et Métiers de Genève. Puis en 1984, le centre redevient un lieu de formation pour des instructeurs venant d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine. Au début des années 90, les besoins d’instructeurs diminuant fortement, l’ORT décide de fermer définitivement le centre d’Anières. Il est alors revendu en 1997 aux autorités genevoises.
Un centre pour les requérants d’asile
La page de l’ORT tournée, le bâtiment devient, en 1998, un lieu d’accueil pour les populations en provenance du Kosovo, puis il s’ouvre, aux familles de requérants d’asile, aujourd’hui encore logées à Anières. Les anciens élèves de l’ORT ont eux gardé un lien fort avec ce bâtiment et s’y encore réunissent chaque année pour se remémorer leurs souvenirs de jeunesse.
En 134 ans d’existence, ce centre a donc accueilli des personnes âgées dans le besoin, des gardes-frontières, de jeunes juifs, puis depuis une quinzaine d’années des familles de requérants d’asile. Le bâtiment est aujourd’hui fatigué par son histoire. De grandes fissures lézardent les murs, la peinture est défraîchie et le centre n’est plus assez grand pour accueillir dans de bonnes conditions ses habitants. Il lui faudrait sans doute un mécène du 21ème siècle, pour que perdure encore longtemps, cette tradition d’accueil et de philanthropie.
Liens associés : Site de l’ORT Suisse et article sur le centre de requérants d’asile d’Anières.
- Le centre d’Anières vu du ciel (Photo : ORT – www.ortsuisse.com)
- Le centre d’Anières aujourd’hui (photo : ALR)
- Le bâtiment en 1949 (Photo : ORT : www.ortsuisse.com)
- La bibliothèque au temps de l’ORT (photo : ORT – www.ortsuisse.com)
Jacques Levy
A l’attention de madame Roudaut
Bonjour Madame,
Je vous écris pour vous signaler qu’une erreur s’est glissée dans votre article s’agissant de vos sources. La personne que vous citez sous le nom d’Henri Levy n’est pas la bonne.
Je suis l’auteur de cet article et je m’appelle Jacques Levy. Si vous avez lu cette brochure , mon nom est clairement mentionné sur la première page.
J’espère que vous apporterez cette correction.
Entre-temps, je vous adresse mes salutations distinguées
Jacques Levy
Anne-Laure
Monsieur,
Je suis désolée pour cette erreur.
Votre prénom était bien le bon dans la version électronique de l’article paru sur le site de Signé Genève.
L’erreur s’est glissée dans la version papier, parue hier dans la Tribune de Genève.
Veuillez nous en excuser.
Cordialement.
Anne-Laure Roudaut