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A Bernex, le projet Mentorat renoue le lien entre générations

A Bernex, le projet Mentorat renoue le lien entre générations

« Vous êtes un adulte désirant s’investir auprès de jeunes de la région ? Vous avez à cœur d’éviter que, dans notre société, «jeunes » et « vieux » ne se parlent plus ? Rejoignez l’action Mentorat ! ». Voici le slogan du projet développé par la commune de Bernex grâce à des volontaires et aux travailleurs sociaux hors murs (TSHM) de la Fondation pour l’animation socioculturelle (FASe). Gros plan sur ce projet original et citoyen avec Matthias Mätzler, le TSHM responsable du projet, Jean-Daniel, un mentor volontaire, et Steven, un jeune de la commune.

Un premier projet avorté

En 2008, le cycle d’orientation du Vuillonnex lance un projet de « tutorat ». La commune organise une assemblée afin de réunir les personnes intéressées. Une trentaine de citoyens se manifestent alors, mais le projet est trop compliqué et le Département de l’Instruction Publique l’abandonne. Pourtant, Matthias Mätzler ne baisse pas les bras : « On a trouvé dommage qu’autant de personnes désirant aider la jeunesse locale soient oubliées et on a essayé de récupérer le projet ». Les TSHM ont alors proposé aux adultes intéressés de participer aux activités auxquelles prennent part les jeunes afin de créer un premier contact. C’est d’ailleurs ainsi que Steven a rencontré Jean-Daniel : « J’allais donner un coup de main lors des repas organisés au local du SAS (ndlr: local d’accueil libre destiné aux jeunes et géré par les travailleurs sociaux) pour les élèves du Vuillonnex. Là-bas, il y avait des mentors avec lesquels on pouvait parler et qui étaient à l’écoute. ».

Ainsi, plusieurs projets ont vu le jour, à l’instar du soutien scolaire proposé par Jean-Daniel. « Les volontaires permettent de créer des solutions lorsqu’on n’en trouve pas dans la société, explique Matthias Mätzler. C’est vrai qu’il existe déjà des accompagnements scolaires, mais ils ne sont pas personnalisés, on ne peut pas appeler l’AJETA (ndlr: association d’aide aux jeunes étudiants, travailleurs et apprentis) pour une urgence, les cours ne se passent pas là où les jeunes se rencontrent, les travailleurs sociaux ne sont pas impliqués, on ne peut pas discuter avec ceux qui donnent les cours, etc. ».

Le soutien scolaire n’est qu’un projet parmi d’autres: certains mentors viennent seulement pour prendre un café et discuter, d’autres pour donner un coup de main ponctuel. Ainsi, les TSHM ne font que mettre en contact jeunes et volontaires : « Le premier contact fait suite à une urgence, mais, de fil en aiguille, une relation se crée. Une fois qu’on a développé un lien de confiance, ça va tout seul », raconte Matthias Mätzler.

Créer du lien

Pour Jean-Daniel, le projet mentorat a été l’occasion de prendre conscience du manque de contact entre générations : « Les adultes que côtoient les jeunes sont les profs, les parents, les policiers, les éducateurs, mais pas le citoyen lambda ». Pour lui, les torts sont partagés : « On part toujours du principe que le manque de respect est dû aux jeunes, mais on les traite de racailles sans les connaître ! ». Le mentor tente donc de rétablir un lien en faisant le premier pas. Ce n’est pas toujours évident : « Au début, je venais dans la salle de travail et je proposais mon aide, mais personne ne se manifestait : hors du cadre scolaire, un jeune a envie de faire autre chose. En revanche, s’il demande du soutien scolaire au travailleur social et que ce dernier m’introduit, je réponds à une demande. C’est le jeune le patron ».

Steven souligne lui aussi l’importance de ce dialogue : « Parfois, les volontaires ont des préjugés sur les jeunes, mais le fait qu’on puisse discuter avec eux change leur regard. Par la suite, lorsqu’ils parlent de nous autour d’eux, ils peuvent contredire les idées reçues. C’est que du positif ! »

« Pour éduquer un enfant, il faut tout un village »

Un tel projet peut-il s’exporter dans d’autres communes ? « A Bernex, cela répondait à une réalité du terrain. Il y avait une demande de toutes les parties : des volontaires ont manifesté un intérêt, certains jeunes étaient prêts à essayer et la commune pensait que c’était une bonne idée d’investir dans ce projet. Pour que cela s’exporte, il faudrait les mêmes conditions. On espère que ça arrivera mais ce n’est pas une évidence ». Et Jean-Daniel de renchérir : « On ne peut pas faire un travail de diplôme à l’HETS (Haute Ecole de Travail Social ndlr) et définir une sorte de paradigme applicable à d’autres communes ». Pourtant, il ne perd pas totalement espoir : « Il est possible qu’on obtienne le même résultat ailleurs, car j’ai le sentiment que les gens attendent un tel projet. Ils râlent beaucoup à propos des jeunes, mais cela leur fait surtout souci. Et ce souci n’est pas seulement négatif, c’est aussi un moteur qui peut les pousser à faire quelque chose pour les jeunes ».

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