Dimanche 30 septembre, à l’aube, Thibault Casanova enfourche son vélo sous la pluie. Cette météo décourageante est pour lui, jeune adepte de la pêche sportive, un vrai bonheur. Il emporte son cadre, sa canne et ses appâts naturels. Le collégien habite Peissy, l’Allondon est sa rivière de cœur, mais ce jour-là il choisit un affluent lémanique à fort débit pour parfaire sa technique «à la dandine».
A 11 h, Thibault repère sa proie, «un gros poisson calé sur la berge en face», soit une truite fario lacustre, entrée dans son jeûne préparatoire annonçant la période de reproduction. Elle est amorphe et ne demande rien à personne. Tout l’art consiste donc à la réveiller de sa torpeur hormonale. «Un poisson qui ne se nourrit plus, faut y aller pour réussir à lui enfiler l’hameçon dans la bouche», prévient le jeune pêcheur, avant, justement, d’y aller. Fin tacticien, il contourne sa proie, se place à trois mètres derrière elle, dans son angle mort. Combat à distance: «Pendant 45 minutes, j’ai essayé plusieurs techniques pour la faire mordre. La teigne, le vairon vivant, le vairon mort flanqué d’un casque en laiton.» Ce dernier leurre produit des ondes agressives. La bestiole se réveille enfin. Le combat est engagé. Cinq minutes de corps-à -corps. A vous arracher les bras. Le matériel embarqué est adéquat, il résiste à la pression.
On approche du dénouement, malgré deux nouvelles tentatives de fuite. A midi, l’adversaire est neutralisé. Coup de grâce. «D’habitude, je remets à l’eau 99% de mes prises», note le pêcheur d’élite. Là , non. L’exception qui culbute la règle. Au poids: 6,4 kilos; en taille: 80 cm. La suite est culinaire. «On a levé 2,8 kilos de filets. La tête à elle seule pèse 1,1 kg. Je vais la faire empailler», ajoute Thibault, d’une voix passionnée et passionnante. Une heure à raconter sa pêche miraculeuse. Son interlocuteur s’en souviendra.
par Thierry Mertenat
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